oseront-ils l’impudence ?

Bien que nos médias s’interrogent sur le manque d’implication des citoyens sur les choses publiques, et nous révèlent chaque jour les affres dans lesquels certains se débattent individuellement parce que le réflexe du recours au collectif est bientôt mort, ces médias persistent à entretenir le brouillard qui occulte les quelques événements majeurs et universels qui jalonnent l’exercice des résistances et des solidarités.

Ainsi donc, à Genève, hormis Le Courrier et Radio Lac, aucune rédaction n’a considéré utile d’envoyer un journaliste du côté des syndicats et partis qui organisent la journée revendicative internationale et les manifestations du 1er mai, placées cette année sous le thème « NON à la 5e révision de l’assurance invalidité ».

Pour Le Matin, rien : le 1er mai n’existe pas. Ce quotidien qui se targue de 321’000 lecteurs n’est même pas foutu de nous donner à voir la grille du caniveau. En première : un bla-bla sur des pastiches de notables et un édito « que les guignols au pouvoir l’exerce pour faire taire la critique », afin de continuer à dissimuler les causes derrière leurs effets et de perséverer dans les mensonges qui détériorent le climat politique ; les succès des radars à Fribourg et les 300 millions de Spider-Man 3.

La Tribune de Genève se plaît à interroger Jean-Bernard Waeber et Blaise Matthey sur le devenir des relations de travail dans les entreprises. Courageuse La Julie : non seulement - à l’occasion du 1er mai - elle évite d’interroger celles et ceux qui sont quotidiennement au front ou qui s’exposent en revendiquant leurs droits, mais en plus, elle s’abstient de tout commentaire alors qu’elle a été sanctionnée pour ses abus de droits à l’encontre de son personnel. « Les barrières pour protéger les employés sautent » est-il un article alibi, voire de commande ? Ou est-ce encore une fois l’exercice « attention au feu là-bas, mais chez nous tout va bien, regardez ailleurs ? ». Bien que cet artcile soit irréprochable du point de journalistique, son auteure ne nous donne néanmoins pas le sentiment d’avoir été contrainte à l’autocensure pour suffir de la sorte, en la matière de ce jour, qui nous est chère...

Oui vraiment, la majorité du 4e pouvoir, de celui qu’on disait indispensable aux sociétés « démocratiques », a renoncé à son rôle historique.

Avec la généralisation des rapports marchands, la plus part des médias ont sacrifié à l’audimat et à l’agréément des annonceurs : nos problèmes et nos revendications n’intéresseront personne, chacun doit persister à vivre avec son angoisse de solitude et croire que les intérêts de son individu sont opposés à tous les autres.

En bref, les solidarités horizontales ne valent pas la peine d’être vécues ; d’ailleurs puisque la « solidarité » n’est pas à vendre ni à acheter, et qu’en 2007 nous voulons qu’elle s’exerce en faveur notamment des handicapés ou des invalides et par l’expression de toutes celles et ceux qui pourraient le devenir, la majorité des médias feignent de l’ignorer, et de fait incitent à croire qu’elle n’existe pas.

Alors, SURTOUT qu’ils s’abstiennent de tous commentaires le 2 mai sur ce que nous aurons réalisé le jour précédent !

Qu’ils s’épargent leurs appréciations de « mesureurs » de l’expression populaire, on ne veut pas connaître leurs considérations sur le passé tant qu’ils ne donneront pas à entendre ce qui est dit sur le présent et qu’ils auront renoncé à s’exprimer sur le futur...