Rapport sur le non-recours aux prestations sociales à Genève

Le rapport de la HETS sur le non recours, conduit par la Professeure Barbara Lucas, vise à documenter, visibiliser, contribuer à la compréhension du phénomène et fournir des résultats utiles aux professionnels du terrain. En effet, le phénomène revêt une ampleur certaine : les résultats variés de diverses études admettent un taux minimal de non-recours à l’aide sociale en Suisse d’un peu plus d’un quart de la population y ayant droit. (p.5)

Le rapport de la HETS se focalise sur trois principales formes de non-recours à Genève :
Le premier motif est lié aux difficultés de comprendre et de s’orienter dans le système tentaculaire des prestations sociales. La peine à obtenir des informations et à s’auto-identifier comme ayant droit est prépondérante pour expliquer cela. Le rapport met en exergue l’absence d’interlocuteur qui puisse soutenir la démarche d’une population isolée, qui présente des difficultés à lire et comprendre le français.
Le second motif a trait à la non-réception : le non-recours subi de personnes repoussées du système de protection sociale alors qu’elles souhaitent en bénéficier. Les raisons évoquées sont la crainte de la disqualification sociale et du stigmat que font peser le recours à l’aide sociale, mais également un cadre légal méconnu qui créer une appréhension quant à un potentiel retrait de permis de séjour. L’hostilité des administrations et de certains professionnels ainsi que la complexité des procédures (masse de justificatifs à remplir, renvoie d’un service à un autre) poussent certaines personnes éligibles à abandonner les démarches.
Finalement, le non-recours intentionnel couvre les situations où le refus de l’aide n’est pas lié à une honte, mais plutôt à un choix de vie qui valorise l’indépendance et l’autonomie. Aussi, ce non-recours peut traduire l’inadéquation de l’offre de prestations spécifiques, par exemple pour des femmes qui aspirent à une ascension sociale et à une émancipation, en étant toutefois freinée par une structure genrée de la répartition des tâches familiales (garde des enfants) pour lesquelles il manque des prestations.