Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Sous la bannière du travail

LAUSANNE • A l’Espace Arlaud, une exposition part d’une belle collection de drapeaux syndicaux pour raconter les organisations ouvrières vaudoises.

jeudi 16 octobre 2014 par Claude REYMOND

SAMUEL SCHELLENBERG dans Le Courrier du 16 octobre 2014

Au sud de la place de la Riponne, à Lausanne, on ne voit qu’elle : la grande bandière rouge d’Unia, qui flotte sur le siège régional du plus grand syndicat de Suisse. Une banderole dont l’efficace simplicité semble des plus quelconques après la visite de « Sous le drapeau syndical », à l’Espace Arlaud voisin. Au fil d’un parcours soigné et intelligemment didactique, on y découvre une exceptionnelle collection d’étendards ouvriers vaudois, témoignages d’une époque où la soie brodée remplaçait avantageusement le polyester imprimé.
Sans Unia, toutefois, pas d’exposition : les pièces montrées sont prin- cipalement celles du syndicat aux 200 000 membres, déposées auprès des Archives cantonales vaudoises avant d’être restaurées puis confiées au Musée cantonal d’archéologie et d’histoire. C’est ce dernier qui curate le parcours, en partenariat avec l’Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier, sous l’égide des commissaires Patrick Auderset et Marianne Enckell.

Couleurs et symboles
L’accrochage tient autant de l’histoire iconographique que d’une plongée dans la naissance d’une gauche syndicale locale, dès le milieu du XIXe siècle. La proposition résume également les différents combats menés, parfois chauds, avant que la fameuse « paix du travail » ne calme le jeu à partir des années 1920.
Le plus ancien drapeau conservé date de 1852 : c’est celui de la Société des menuisiers de Lausanne, qui célèbre en rouge sur fond de soie beige « travail et fraternité », avec l’image d’une solide poignée de main. Mais à l’Espace Arlaud, c’est le très bel étendard rouge du Syndicat des manœuvres & maçons de Nyon qui accueille les visiteurs, à l’étage supérieur. Réalisé au début du XXe siècle, il comporte, comme souvent, des emblèmes – pelle, pioche, marteau... – et une injonction, « Ouvriers ! Groupez-vous ».
Ailleurs, on rappelle que l’« union fait la force » et qu’à « un pour tous » répond « tous pour un » ; tandis que d’autres drapeaux préfèrent valoriser le labeur, avec des « honneur au travail » pas forcément brodés sur un fond rouge, héritage contestataire – et en particulier communard – parfois trop connoté pour certaines so- ciétés ouvrières. Une mention spéciale va aux travailleurs de l’électricité de Lausanne et de Vevey,
dont les drapeaux respectifs, tous deux de 1904, comportent un recto rouge et un verso bleu, ce dernier décoré d’un beau dragon crachant des éclairs et d’une Dame électricité brandissant un globe lumineux.

Place aux logos
Les organisations fondatrices d’Unia étant actives dans le bâtiment, l’industrie et le commerce, c’est essentiellement à ces domaines que se réfèrent les drapeaux lausannois, placés aux murs ou sus- pendus au plafond des quatre salles dédiées au sujet. L’exposition est toutefois complétée de beaux spécimens venant des syndicats des télé- communications, transports ou services publics en général. On y découvre également des extraits de films, d’articles de journaux, ou la voix toute en vibratos de Francesca Solleville chantant en boucle l’hymne ouvrier « Drapeau Rouge ! » A la troisième écoute, difficile de ne pas avoir une pensée compatissante pour les gardiens (qu’on espère syndiqués).
Durant les années 1990, crise économique et explosion du chômage – de quelque 20 000 demandeurs d’emplois en 1990 on passe à plus de 160 000 en 1993 – poussent les syndicats à fusionner. Aux emblèmes encore appréciés dans les années 1980 on préfère désormais les logos et les drapeaux synthétiques imprimés par centaines, qui remplacent les exemplaires uniques en soie. Et on multiplie les déclinaisons publicitaires, à l’image de ce préservatif aux couleurs du Syndicat suisse des mass media qui conclut l’exposition. Où comment recruter jusque sous la couette, avec le slogan « Protège-toi, syndique-toi ! » I


Extrait de la présentation de l’exposition...


examiner plus précisément comment le mouvement syndical est intervenu pour obtenir l’amélioration des conditions de travail, notamment par l’examen des pratiques de luttes et de négocIations ainsi que par l’analyse du développement de ses organisations (un clic sur le logo vous procure le PDF).

1. L’internationalisme et le pacifisme en débats :
le mouvement ouvrier à l’épreuve de la guerre (1913-1918)
Au sein du mouvement ouvrier vaudois s’affirme un courant résolument internationaliste et pacifiste autour de Paul Golay et de Charles Naine qui s’expriment dans le Grutléen. Les socialistes chrétiens récemment organisés ainsi que des courants anarchistes défendent des principes similaires, bien qu’avec des arguments propres. A l’inverse, une partie du mouvement ouvrier entonne des refrains nationalistes, proclamant la faillite de l’internationalisme et prenant parti pour la France contre l’Allemagne. Il s’exprime notamment dans le Grutli, mais également dans certains organes syndicaux.
Ces débats mettent à mal l’unité du Parti socialiste ouvrier vaudois, constitué en 1908, tout comme ils divisent le mouvement syndical.
Il s’agira d’expliciter les différentes positions qui se font jour, de montrer qui sont ceux qui les portent et d’examiner comment elles évoluent de l’immédiat avant guerre jusqu’à la fin du conflit. Au cours de ces années, l’exacerbation du nationalisme, les privations dues à la guerre, la résurgence des luttes sociales tout comme la révolution russe conduiront à rebattre les cartes et à reconfigurer les positionnements au sein du mouvement ouvrier local.

PS:

Espace Arlaud, 2 bis pl. de la Riponne, Lausan- ne, jusqu’au 25€ janvier, me, je et ve 12h-18h, sa, di 11h-17h, 021 316 38 50, www.musees.vd.ch/espace-arlaud




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