Communauté genevoise d’action syndicale

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Monnaie pleine : occasion manquée

lundi 11 juin 2018

paru dans Le Courrier du 11-06-2018

Le Souverain suisse a refusé ce dimanche l’initiative dite « Monnaie pleine » qui visait à octroyer un monopole total de création monétaire à la seule Banque nationale suisse (BNS).

Ce refus, un peu trop net, malheureusement (76% de « non » !), risque de conforter dans leurs certitudes les tenants de la religion séculière des marchés. Oubliés, les excès de l’UBS et son repêchage par l’Etat, ou le sauvetage par le contribuable de la Banque cantonale de Genève, ou encore celle du canton de Vaud.

Le plébiscite de ce week-end valide l’acronyme TINA (there is no alternative) dans le champ politique dominant. Or, il y a au contraire urgence d’imaginer un autre futur. Ne serait-ce que pour des raisons d’impasse climatique – la croissance nous fera tous crever si on continue de la sorte. Et de contradictions internes au système capitaliste qui est prompt à sacrifier les libertés pour préserver ses taux de profit.

L’initiative – contrairement à ce que prétendaient ses tenants – ne répondait pas de manière satisfaisante à ces enjeux. Elle ne remettait pas en question les rapports de production ni l’exploitation de ceux qui produisent la richesse. Mais elle traçait des pistes et ébranlait certaines certitudes économiques. Ce n’était déjà pas si mal.

En cela, l’échec des tenants de Monnaie pleine est regrettable. Ils n’ont pas réussi à construire un mouvement social plus large. En effet, cette initiative est restée l’apanage d’un aréopage d’économistes jouant au mécano et incapables de convaincre de l’intérêt de leur texte de manière un tant soit peu plus large. Toute question ou critique était disqualifiée en des termes peu amènes. La démocratie, cela suppose aussi le respect de certaines règles de bienséance. Et une capacité à débattre.

Cette culture démocratique a manqué. Dommage. Car dans les cantons où les partis de gauche ont tout de même soutenu ce texte pour des raisons principielles, le résultat n’est pas déshonorant : 40% de « oui » à Genève, où le spectre rose-rouge-vert appelait, contrairement aux grands frères nationaux, à son soutien. Voilà un socle à partir duquel il est possible de bâtir une résistance au rouleau compresseur capitaliste. Il eut été souhaitable qu’il en fut ainsi de manière plus large au niveau suisse. Il y a encore du pain sur la planche. PHILIPPE BACH