Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Information aux organisations amies

lundi 17 septembre 2018

Au mois de mai, nous vous avons informés du renouvellement à venir de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) ainsi que de la nécessité de garantir la retraite à 60 ans pour les travailleurs de la construction. La Convention nationale (CN) expire à la fin de l’année. Des mesures doivent également être prises pour garantir la retraite à 60 ans. Nous le savons depuis plus d’un an. Or la Société suisse des entrepreneurs a refusé toute discussion à ce sujet jusqu’à cet été.
En juin, 18 000 travailleurs de la construction venus des quatre coins du pays, soit un maçon sur quatre en Suisse, sont descendus dans la rue à Zurich pour exprimer leurs revendications. Cette démonstration de force a incité, la SSE à revenir sur son refus de négocier. Depuis le mois de juillet, nous discutons ainsi d’une solution visant à garantir la retraite à 60 ans ainsi que d’une nouvelle CCT.

Ils jouent de façon irresponsable avec la santé des travailleurs de la construction
Même si nous avons fait un pas en avant concernant la garantie de la retraite à 60 ans, nous allons actuellement au-devant d’une confrontation dure et d’un automne chaud sur les chantiers. Pourquoi ? La Société suisse des entrepreneurs accepte garantir la retraite à 60 ans à la seule condition que les travailleurs de la construction se résignent à une dégradation massive de leur Convention nationale. Or ces exigences mettent la santé des maçons en péril et engendrent un accroissement du dumping salarial.

  • A l’heure actuelle, le système d’horaires de travail dans le secteur principal de la construction est très flexible. La planification ordinaire du travail prévoit d’ores et déjà 37,5 heures hebdomadaires en hiver et 45 heures en été, souvent par une chaleur accablante. A fortiori, le calendrier actuel du temps de travail autorise 100 heures supplémentaires. Sur une base journalière, cela signifie que des journées de travail de 10 heures sont aujourd’hui possibles. En outre, le temps de trajet n’est pas compté dans le temps de travail dans la construction. Il est normal que les maçons aient une heure de route à faire entre le dépôt et le chantier et autant pour le retour. Or en additionnant le tout, on arrive vite à des journées de 12 heures. On comprend aisément que de nombreux travailleurs de la construction se plaignent de ne presque pas voir leur famille en été et de ruiner leur santé C’est la raison pour laquelle les travailleurs de la construction réclament déjà depuis bien longtemps une réduction de cette flexibilité. La SSE veut au contraire totalement déréguler la durée de travail. Elle veut que l’entreprise puisse déterminer des arrêts de travail par journées ou même par semaines entières en hiver, en obligeant les travailleurs de la construction à rattraper les heures perdues pendant les dix mois restants. A cet effet, la SSE réclame une augmentation de 300 des heures en plus et manquantes autorisées, ces soldes devant être réduits en été, quand les jours de travail sont déjà interminables. Il en découlerait concrètement une obligation pour les maçons de travailler chaque jour 9,5 heures et davantage sans toucher le moindre franc de supplément.
  • En cas de changement de poste, la SSE veut que le salaire minimum de la catégorie respective ne soit plus obligatoire. En d’autres termes, un maçon avec 25 ans d’expérience devrait redémarrer au même salaire qu’un auxiliaire pour son premier jour de travail. Aujourd’hui, c’est possible dans des cas exceptionnels dûment justifiés, par exemple quand la capacité de rendement d’une personne est réduite. A l’avenir cette pratique devrait être autorisée de façon générale sans avoir à fournir de justification. Un dumping salarial massif et des réductions de salaires en seraient la conséquence.
  • La SSE voudrait aussi supprimer toutes les dispositions de protection contractuelles en cas d’intempéries. Aujourd’hui, la CN stipule que le travail doit être interrompu quand la santé des travailleurs de la construction est en danger. Cette disposition, la SSE voudrait la supprimer.


Il va de soi que les travailleurs de la construction ne peuvent en aucun cas accepter une pareille proposition. A quoi peuvent bien servir une augmentation de salaire et la retraite à 60 ans si les maçons tombent malades à cause de journées de travail encore plus longues ou sont victimes d’un accident grave avant de partir en retraite ? La SSE prétend que les syndicats empêcheraient les négociations d’aboutir à un résultat à cause de revendications totalement abusives. En réalité En réalité, les positions de la SSE et des syndicats sont déjà très proches concernant la retraite à 60 ans et la revalorisation des salaires. Dans le cadre du renouvellement actuel de la convention, les syndicats ont déjà reporté leurs revendications concernant une limitation du travail temporaire qui explose, une limitation de la flexibilité et une meilleure protection pour les travailleurs de la construction. Ils seraient même prêts à reconduire la convention existante de façon quasi-inchangée. C’est la SSE, au contraire, qui bloque tout accord avec des exigences totalement irréalistes et irresponsable.

Les travailleurs de la construction sont à bout de patience
Les syndicats Unia et Syna veulent une solution. Il est de notoriété publique depuis plus d’un an que des mesures temporaires sont nécessaires pour garantir la retraite à 60 ans mais, jusqu’au mois de juillet, la SSE a refusé de discuter de solutions. Nous nous félicitons que cette organisation patronale ait changé d’avis sur ce point. A présent la SSE soumet les travailleurs de la construction à un odieux chantage en conditionnant son acceptation de garantir la retraite à 60 ans à un démantèlement brutal de la Convention nationale. On comprend aisément la colère des maçons. Après nombre de rounds de négociation, leur patience est à bout. A l’occasion d’un vote, ils se sont prononcés à 93% pour la grève en cas d’échec des négociations. C’est dans cet esprit que les travailleurs de la construction préparent des journées de protestation pour l’automne avec le soutien des syndicats Unia et Syna. Les entrepreneurs ne leur laissent pas le choix. Nous comptons sur votre compréhension.

Merci pour votre soutien. Nous restons à votre disposition pour tout complément d’information.

Sincères salutations,

Nico Lutz, Responsable secteur Construction Unia
Guido Schluep, Responsable branche Construction, Syna