Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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A l’attention de l’Assemblée des délégués de l’USS du vendredi 24 mai 2019

mardi 21 mai 2019

Ayant reçu la communication

Ce lundi 20 mai 2019, le tribunal militaire de Blida a rejeté la demande de libération pour Louisa Hanoune. Elle reste en détention pour « complot pour changer le régime ». Une nouvelle demande de libération a été immédiatement déposée par ses avocats, qui sera examinée dans un mois par le tribunal militaire.
Plus de détails à suivre.
Plus que jamais, intensifier la campagne internationale pour la libération de Louisa Hanoune !


Albert ANOR, délégué du SSP auprès de l’assemblée de l’USS, propose :

La 298e assemblée des délégués de l’USS, a été informée par le SSP-GE de l’arrestation arbitraire de Madame Louisa Hanoune, Secrétaire générale du parti des travailleurs, militante de la démocratie, des droits de femmes, de la souveraineté populaire, de la souveraineté des nations, opposée à toute forme d’ingérence étrangères dans son pays.

Nous condamnons son maintien en détention provisoire, malgré les recours de ses avocats, par le Tribunal militaire de Blida depuis le 9 mai 2019.

Ce Tribunal militaire a rejeté lundi 20 mai 2019 sa demande de libération provisoire. Ce qui est reproché à Louisa Hanoune c’est de vouloir « changer le régime ». Elle est donc emprisonnée pour des raisons politiques.

Nous dénonçons cette incarcération qui touche la première responsable d’un Parti politique emprisonnée depuis l’avènement du multipartisme en Algérie et ce, quel que soit notre point de vue sur la politique du Parti des travailleurs et de sa Secrétaire générale.

Cet acte antidémocratique qui criminalise l’action politique est dirigé aussi contre les millions d’algériennes et d’algériens engagés dans une révolution inédite pour le départ d’un régime corrompu.

L’USS qui est attachée à la défense des droits démocratique en appelle aux travailleurs-travailleuses, aux militants syndicalistes à s’associer à cette initiative et/ou à prendre d’autres initiatives pour mettre fin à cette injuste et illégitime incarcération.

L’USS se prononce pour la libération immédiate et sans conditions de Louisa Hanoune !

PS:

Louisa Hanoune, portrait d’une militante

Louisa Hanoune est née dans une famille pauvre dans un village des montagnes de la région de Jijel. Née en 1954 avec le début de la lutte de libération nationale. Enfant, avec sa famille, elle a dû quitter son village après que l’armée coloniale française a dynamité la maison familiale en rétorsion à la participation de sa famille à la lutte contre le colonialisme.

Installée à Annaba, alors qu’elle n’a même pas 8 ans, Louisa Hanoune raconte son souvenir de la liesse populaire lors de la proclamation de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Elle est le produit de cette Algérie indépendante. C’est la première fille de sa famille à faire des études. Elle passera son bac, fera des études juridiques et travaillera comme juriste à l’aéroport d’Annaba. Mais pour y parvenir, elle a dû surmonter bien des difficultés, elle militera dans une organisation de défense des droits des femmes.
En 1983, avec d’autres femmes militantes, elle est arrêtée par la police du régime et incarcérée. Une vaste campagne internationale obtiendra leur libération. Elle subira de nombreuses tracasseries administratives et judiciaires et de nouveau en 1988, elle sera incarcérée. Elle est de ce fait très attachée au combat pour la défense des libertés démocratiques.
En 1989-1990, le régime est contraint d’accepter le multipartisme. Louisa Hanoune, avec les militants de l’OST et d’autres, va fonder, en 1990, le Parti des travailleurs, dont elle est la porte-parole.
En janvier 1991, elle est à Barcelone, lors de la fondation de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples (EIT). Elle sait la valeur de l’internationalisme et de la fraternité entre les peuples. Lors du premier tour des élections, le Front islamique du salut (FIS) arrive en tête. L’état-major décide alors d’interrompre le processus électoral et instaure un régime militaire. Lors de ce coup de force de l’état major, le PT et sa porte-parole, Louisa Hanoune, qui se réclament de la séparation de la religion des affaires politiques, se prononcent contre l’interruption du processus électoral et contre l’arrestation des dirigeants du FIS. Car pour elle, c’est la politique qui permet de combattre et pas la répression.
En janvier 1995, à Rome, le PT et les autres partis d’opposition signent un « contrat national » qui appelle à la fin de « l’éradication » et à la paix. Ce combat débouchera l’année 2000 sur la proclamation de la paix, la fin de l’éradication et l’amnistie des militants du FIS. Une nouvelle période s’ouvre alors en Algérie. Le nouveau président Bouteflika pour préserver le régime est obligé de prendre face aux mécontentements montant dans la population des mesures qui ont pour but de satisfaire très partiellement les exigences du peuple : les grèves et mobilisations de travailleurs ressurgissent.
Dans cette nouvelle situation, le PT – qui en 1990 avait inscrit dans son programme la lutte pour l’Assemblée constituante – engage une campagne pour la tenue d’une Assemblée constituante qui va recueillir des centaines de milliers de signatures, nourrissant ainsi au sein de la population algérienne l’exigence d’en finir avec ce régime et d’établir la démocratie.
Cette exigence démocratique, c’est le combat que mène Louisa Hanoune pour l’abrogation du Code de la famille qui fait de la femme algérienne, un citoyen mineur à vie. C’est également, dans un pays où la population a deux composantes l’une berbérophone, l’autre arabophone, le combat pour la reconnaissance de la langue berbère comme langue officielle et nationale à égalité avec l’arabe. Cette reconnaissance sera obtenue et inscrite dans la loi : en effet, Louisa Hanoune et d’autres camarades du PT ont été élus députés. Elle sera également candidate à la présidentielle, la première femme dans le monde arabe.
Elle abhorre le radicalisme en paroles masquant l’impuissance en pratique. C’est pourquoi, avec les autres députés du PT elle va mener pied à pied un combat dans l’APN pour s’opposer ou freiner toute remise en cause des acquis de la population. De très nombreuses délégations de travailleurs en lutte, de retraités, de femmes, de gardes nationaux, sont venues au siège du PT pour y porter leur dossier, pour que Louisa Hanoune aille voir les ministres concernés afin qu’ils interviennent. Ce travail, elle va le faire durant plus d’une décennie, pour aider et préparer la mobilisation générale du peuple algérien en défendant ce qui peut être défendu.
Avec le surgissement révolutionnaire en Algérie, Louisa Hanoune, avec les autres députés du PT, va démissionner de l’APN, dont elle réclame la dissolution, parce que ce qui est à l’ordre du jour c’est la fin du régime et de toutes ses institutions pour l’établissement d’une réelle démocratie.
C’est également, la campagne menée par Louisa Hanoune et les autres députés du PT, relayant le combat sur le terrain des militants du PT, contre les privatisations, contre la destruction des acquis. Par exemple, la défense de la loi imposant lors d’investissements étrangers à ce que ceux-ci ne dépassent pas 49% et que 51 % soit algériens.
Elle mènera une campagne contre la corruption des oligarques et prédateurs du régime qui lui vaudra bien des menaces et des inimitiés ; comme sa contribution aux combats internationaux : la lutte contre la guerre dans le monde, la lutte contre l’ingérence étrangère et la défense de l’unité et de la souveraineté de l’Algérie, contre la participation de l’armée algérienne à toute opération extérieure aux frontières du pays. §

résumé par Claude REYMOND, ce 22-05-2015