Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève
Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève
iban CH69 0900 0000 8541 2318 9
Parce que le fait syndical est constitué des TOUTES les contributions, et surtout par le courage et la détermination de celles et ceux qui font des « ruptures », il est toujours nécessaire d’établir des bilans pour « qualifier » les luttes et consolider leurs apprentissages.
Ici un rapport de l’USS rédigé conjointement avec des responsables du SEV et d’Unia, et à cette adresse la mise en place d’un collectif pour en établir un autre, tout aussi important... sans doute...
Sans consultation préalable des partenaires sociaux, le conseil d’administration des CFF a décidé début mars de procéder à une sévère restructuration de CFF Cargo, impliquant des licenciements à Fribourg (Centre d’appel), Bienne et Bellinzone. Dans ce dernier lieu, presque la moitié des 350 emplois devaient disparaître ou être transférés ailleurs. Ce qui amena les collaborateurs des Officine di Bellinzona à cesser le travail à partir du 7 mars. C’est le 7 avril seulement que les conditions nécessaires à l’arrêt de la grève furent réunies. L’une des plus longues grèves de l’histoire récente de la Suisse a été soutenue et accompagnée de près par les deux syndicats de l’USS présents dans l’entreprise, le SEV et Unia. Elle a été portée par la solidarité d’un large mouvement populaire, ainsi que par le gouvernement du canton du Tessin. Cette action rencontra un grand écho médiatique, provoqua des manifestations imposantes à Berne et à Bellinzone, donna lieu à des conférences de presse à Berne et localement, déboucha sur de vifs débats au Conseil national, alors que, entre volonté de discuter et rupture des discussions, l’affaire prenait l’allure de montagnes russes. Finalement, lors d’une séance de pourparlers convoquée par le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, les CFF durent retirer leur décision le 5 avril, ce qui permit la fin de la grève, ouvrant la voie à une table ronde chargée de proposer des solutions acceptables.
Les CFF sont une entreprise publique appartenant à 100 % à la Confédération. C’est une des raisons qui firent que la grève des ateliers CFF de Bellinzone eut dès le départ une dimension politique nationale ; l’autre étant qu’à travers CFF Cargo, c’est l’objectif, plusieurs fois réaffirmé en votation populaire, de transfert du transport des marchandises de la route vers le rail qui était concerné. De ce fait, l’USS devait aller au-delà de l’habituelle solidarité syndicale.
Quelques jours après le début de la grève, l’USS a écrit au Conseil fédéral pour qu’il prenne sa responsabilité politique d’ensemble, que ce soit au niveau des emplois, de la politique de transports, ou en tant que propriétaire des CFF et en relation avec le mandat général reçu en matière de politique des transports. La lettre de l’USS demandait au Conseil fédéral de conserver les emplois de grande valeur au Tessin, de revenir sur les décisions erronées des CFF et sur leur fausse stratégie, de réaliser les objectifs du transfert en matière de politique des transports et de donner des mandats dans ce sens à CFF Cargo ; elle demandait aussi d’abandonner les dix années de libéralisation inappropriée dans le transport des marchandises par le rail et de renoncer à la concurrence destructrice entre les CFF et le BLS, ainsi qu’aux expérimentations des CFF en Allemagne. La concurrence dans le secteur public du transport des marchandises par le rail devait être remplacée par davantage de coopération.
Le 17 mars, l’USS a organisé une conférence de presse à Berne autour de ses revendications de fond. Le SEV, Unia, des représentants des grévistes tessinois et des membres du parlement tessinois y présentèrent les chiffres démontrant clairement la rentabilité et la productivité croissante des places de travail de Bellinzone.
L’USS a collaboré à l’organisation de la manifestation de Berne - très réussie avec ses 7’000 participant(e)s - en particulier, lors de la définition du parcours, sur la question de l’utilisation de la Place fédérale, malgré l’interdiction habituelle de manifester durant les sessions des chambres.
Enfin, l’USS est aussi intervenue directement auprès du DETEC le 29 mars, lorsque le conseiller fédéral Leuenberger et les CFF voulaient rompre définitivement les premiers contacts, à cause d’une nouvelle d’agence prêtant à confusion. Avec les interventions ultérieures du SEV et d’Unia auprès de Leuenberger, cela déboucha sur la rencontre du 5 avril et sa convocation d’une table ronde.
L’USS salua cette victoire d’étape, exigeant en même temps un dénouement similaire à Fribourg et à Bienne et répétant ses revendications centrales :
Après la fin de la grève, l’USS doit maintenant se préoccuper de la réalisation de ces objectifs dans l’action menée par le Conseil fédéral, en tant que propriétaire des CFF et dans sa politique des transports.
Entre temps, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger a nommé le modérateur de la table ronde en la personne de l’ancien conseiller national radical uranais, Franz Steinegger. Tous les participants sont d’accord avec ce choix. Steinegger commencera les négociations début mai et pour ce faire, il a recueilli les prises de position de toutes les parties. La durée des discussions a été fixée à deux mois, mais peut être prolongée. Dans l’intervalle, la première rencontre prévue début mai a dû être reportée à la mi-mai, car les CFF, pour de prétendues raisons de secret commercial, ne veulent livrer qu’au compte-goutte les documents nécessaires. Une nouvelle tactique dilatoire serait inacceptable.
Jusqu’à maintenant, les CFF n’ont jamais mis cartes sur table, que ce soit en matière de chiffres ou d’intentions. Par exemple, les raisons du changement de stratégie à court terme intervenu entre 2007 et 2008, ses principes et les réflexions qui l’ont nourri, restent encore du domaine secret du conseil d’administration des CFF. Il est donc important qu’un échange d’informations véritablement ouvert se fasse en prévision de la table ronde. Une information régulière du personnel concerné et de l’opinion publique sur le déroulement des discussions et leurs résultats en fait aussi partie.
La table ronde offre une possibilité de renforcer le rôle de CFF Cargo dans le trafic intérieur et le trafic de transit, avec les conséquences que cela aura sur le travail de maintenance du matériel roulant. Les intentions et les objectifs correspondants doivent être traduits politiquement de façon contraignante. L’entretien des locomotives fait partie du coeur du métier et doit donc être garanti par les CFF en lien avec les objectifs politiques. A partir du mandat constitutionnel du transfert de la route au rail, une réduction du personnel n’entre aucunement en ligne de compte. Les privatisations n’ont aucun sens. Par contre, la coopération en a. Les plans et les premiers contacts des CFF allant dans cette direction, que ce soit avec des entreprises privées en ce qui concerne la maintenance (p. ex. Cataneo) ou avec d’autres entreprises ferroviaires (p. ex. la SNCF), doivent rester ouverts à toutes les solutions consensuelles fiables et être discutés à partir de toutes les informations nécessaires.
La table ronde n’est pas compétente pour la politique des transports en général et pour le mandat de prestations attribué aux CFF. Ce sont le Conseil fédéral et le parlement qui en ont la responsabilité. Mais la compréhension rencontrée par la grève de CFF Cargo, largement répandue politiquement, doit s’y répercuter.
Depuis 1994, la Constitution contient un mandat clair (celui de l’initiative des Alpes, acceptée par le peuple et les cantons) pour transférer le transit de marchandises sur le rail. Ce mandat a été confirmé à plusieurs reprises par le peuple (lors des votations sur les NLFA et la RPLP). Le Conseil fédéral peine à l’appliquer. Actuellement en discussion au parlement, le projet relatif au trafic des marchandises proroge jusqu’à deux ans après l’ouverture du tunnel de base du Gothard, l’actuelle formule de compromis de réduction à 650’000 courses de camions anuelles à travers les Alpes jusqu’en 2009.
Il est donc indiqué que, sur fond des problèmes actuels, une position syndicale en matière de politique des transports soit élaborée.
Les CFF appartiennent à 100 % à la Confédération. Le Conseil fédéral représente l’assemblée générale des CFF et leur fournit un mandat de prestations contenant les objectifs stratégiques de l’entreprise ; le parlement est informé de ce mandat.
Le Comité a pris connaissance du rapport. Le secrétariat, en collaboration avec le SEV, doit approfondir les revendications en matière de politique des transports et de l’entreprise et les appliquer dans les développements politiques actuels et à venir.
113.2 RZ/es