Comité d’organisation du 1er Mai

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le Premier Espagnol peut-il honorer la parole d’un autre

à Sa Majesté le Roi Juan Carlos I

mardi 18 avril 2006 par Claude Reymond

Lors du moment de mémoire du 1er mai 2001, plusieurs participant-e-s ont souhaité que les Genevois démarchent auprès du Roi d’Espagne pour lui rappeler la promesse du président de la République adressée le 27 octobre 1938 aux Brigadistes...

le Premier Espagnol peut-il honorer la parole d’un autre
et la promesse de sa nation à celles et ceux qui l’aimèrent à en mourir ?

Genève, le 13 juin 2001

Sire,

Nous avons l’honneur de nous adresser à Votre Majesté concernant l’octroi de la nationalité espagnole aux combattants des brigades internationales qui se sont engagés en Espagne de 1936 à 1938. Ces femmes et ces hommes avaient quitté leur pays et leur famille pour soutenir le peuple espagnol dans sa lutte contre le totalitarisme, pour la sauvegarde de la démocratie et du gouvernement républicain qu’il avait constitué légalement.
Lors de la cérémonie officielle d’adieu en octobre 1938 à Barcelone, le Président du gouvernement déclara que les Brigadistes auraient droit à la citoyenneté espagnole une fois la guerre finie.

Les modifications du Code civil n’ont pas tenu compte jusqu’à ce jour de cet engagement : il dispose qu’en matière de nationalité, les Brigadistes internationaux pourraient obtenir la citoyenneté espagnole à la condition, toutefois, de renoncer à leur propre nationalité.

Or la promesse du Président Juan NEGRIN n’était pas conditionnelle, comme l’engagement sans faille de celles et ceux à qui elle était faite. Il se tenait debout et la dignité des Espagnols et de leurs frères n’auraient pas souffert d’un tel ombrage.

La guerre civile est terminée depuis 63 ans, des centaines de Brigadistes sont décédés depuis, il n’en reste que quelques poignées... Les premiers ne peuvent plus renoncer à leur nationalité, et comme les autres, il est certain que rares furent ceux qui acceptèrent - et fussent enclins à accepter - de renier leurs racines ou leurs origines : celles qui forgèrent leur détermination pour s’engager dans un conflit dont l’issue réglerait le sort de l’Europe d’alors.

Votre pays participe de plain pied à l’organisation du continent, il y rayonne. Si le roi ne peut se placer en dessus des lois, il incarne cependant l’ordre politique et moral. Dès lors, nous voulons croire que le Premier Espagnol peut respecter la parole donnée ; et nous voulons lui demander d’élever les Brigadistes à la citoyenneté d’honneur espagnole, y compris - pour ceux qui ne sont plus - à titre posthume.

Le Comité d’organisation des manifestations du 1er mai est constitué des 25 syndicats genevois de travailleurs et de trois partis politiques représentés aux gouvernements cantonal et confédéral. Nous sommes en mesure de vous communiquer la liste des personnes résidant en Suisse et concernées par notre demande.

Dans l’attente de vous lire, nous adressons à Votre Majesté nos messages respectueux.

Claude REYMOND, secrétaire CGAS

Marianne AGUILAR-BORDES, membre ASCBI