Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

iban CH69 0900 0000 8541 2318 9

Droit de manifester : quand le PLR et les associations de commerçant-es rêvent de privatiser le centre ville de Genève

mercredi 8 mai 2024 par Mireille Senn

Quelques semaines après que des associations de commerçant-es aux ramifications politiques bien comprises se sont plaintes des manifestations au centre ville, voilà donc le Parti libéral radical qui sort de son chapeau un projet de loi (PL 13448) qui entend interdire toute manifestation politique sur l’ensemble des rues avec des voies de tram, ainsi que sur la totalité du U lacustre.

Un tel projet de loi, contraire au droit supérieur, reviendrait à empêcher toute manifestation à caractère politique au centre ville. Entre le U lacustre, les rues avec des voies de tram et les rues déjà interdites aux manifestations car se situant sur des voies utiles aux services d’urgence, plus aucun défilé politique ne pourrait se tenir au centre-ville. Demain, avec un tel projet de loi, le traditionnel défilé du 1er Mai ne serait plus autorisé, au contraire de la Lake Parade…

La droite désormais ultra-majoritaire au parlement et au gouvernement, pourtant prompte à se dire attachée aux libertés, semble peu encline à supporter la liberté des autres et la contestation pourtant exprimée dans le respect des droits fondamentaux…

Cette atteinte sans précédent aux droits politiques se justifierait au nom de la sauvegarde des droits des commerçant-es qui se verraient menacé-es dans leur rentabilité économique en raison du passage de manifestations devant leurs magasins. Les associations de commerçant-es ont avancé des baisses de chiffre d’affaire de 40%, ce qui a été repris bouche en cœur par les auteur-es du projet de loi sans aucune possibilité de vérifier ces chiffres pour le moins douteux. Une restriction de la liberté de manifester sur le domaine public devant un commerce ne devrait être acceptée sans une étude indépendante et neutre montrant une atteinte à la liberté économique.

Jamais aucune manifestation politique n’a empêché l’accès aux commerces des rues dans lesquelles elle passe (c’est d’ailleurs une des conditions des autorisations de manifester). La plupart du temps, les manifestant-es n’occupent même pas les trottoirs qui sont laissés à disposition des piétons.

Si la Lake Parade bloque le U lacustre pendant toute une journée, une manifestation comme le 1er mai ne le bloque que partiellement et durant moins de 2 heures.
C’est pourtant le 1er mai que le PLR souhaite interdire au centre ville…

Si on comprend bien l’opposition du PLR aux idées et revendications qui ont été portées par les dernières manifestations politiques, pourquoi voir les manifestant-es comme des parias à exclure du centre ville ? Il est indéniable que les milliers de manifestant-es sont aussi des consommateur-trices qui, en marge des manifestations, consomment aussi et contribuent à la bonne marche économique du centre ville.

Enfin, le PLR présente son projet de loi comme étant une pesée d’intérêt entre la liberté économique des commerçant-es et les droits politiques des manifestant-es. En l’occurrence, le projet du PLR revient à privatiser les rues basses au profit des seuls intérêts des commerçant-es.
À quand une interdiction de traverser les rues basses pour les personnes qui ne s’engageraient pas à y consommer ?

Une manifestation dénonçant les crimes contre l’humanité commis à Gaza n’a-t-elle pas sa place dans le centre ville de Genève, ville hôte de l’ONU ?
La population genevoise devrait-elle se taire ou être cantonnée à s’exprimer en périphérie pour réclamer des droits sociaux ou exprimer sa solidarité internationale ?

La CGAS entend combattre le projet de loi liberticide du PLR par tous les moyens, y compris juridiques si ce dernier devait être accepté par le parlement.

PS:

La CGAS est membre de la Coordination genevoise pour le droit de manifester (CGDM).




Derniers articles