Communauté genevoise d’action syndicale

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Commémorant la Grève des femmes de 1991, date-clé de l’histoire suisse récente, ce 14 juin lance une véritable année féministe

Une grève nationale en préparation

jeudi 14 juin 2018

paru dans Le Courrier, par DOMINIQUE HARTMANN

Mobilisation X Cette année, le 14 juin est dans les starting-blocks. Dénonçant les inégalités salariales toujours à l’œuvre, cette journée inaugure aussi une véritable année féministe qui débouchera en juin 2019 sur une grève du travail (rémunéré et non-rémunéré). D’ici là, il s’agit pour les organisatrices de construire un mouvement national, fédérateur, créatif et exigeant.

Cette mobilisation d’envergure a été décidée lors des assises féministes qui réunissaient, le 2 juin à Lausanne, 150 femmes*1 issues notamment du monde politique, syndical, artistique et associatif de Suisse. Les raisons de la colère ? Les discriminations qui durent. « Nous ne sommes ni respectées, ni rémunérées selon les normes ixées par la loi. » Michela Bovolenta, l’une des initiatrices de ces assises, le rappelle : « Nous n’avons que trop patienté. Ce n’est que par la lutte que les femmes arrachent des droits. »

Elle se réfère aux manifestations internationales récentes mais aussi à la Grève des femmes de 1991. Dans la salle du 2 juin, certaines l’ont vécue voire préparée, tandis que d’autres n’étaient même pas nées. Ce jour-là, des femmes de tout le pays abandonnaient leur travail pour manifester contre les inégalités criantes dans tous les domaines de leur vie. La grève a permis l’entrée en vigueur quatre ans plus tard de la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg).

Adhésion enthousiaste
Malgré cette (bonne) loi, estiment les initiatrices des assises, les femmes ne peuvent compter ni sur les autorités, ni sur les tribunaux : « L’application de la LEg pose problème, une étude récente le montre, souligne Michela Bovolenta, secrétaire centrale du Syndicat des services publics Vaud. Les femmes qui osent dénoncer des discriminations continuent à perdre procès et/ou emploi. » Et de rappeler d’autres revers récents : le Conseil fédéral a tenté de mettre fin au programme d’encouragement des structures d’accueil extrafamilial (programme rattrapé de justesse par le Conseil national) tandis que le Conseil des Etats rabotait le projet de contrôle des salaires, déjà extrêmement faible.

Ce 2 juin, il s’agissait de sonder la disponibilité à la grève. L’adhésion a été enthousiaste. Très vite, les aspirations ont fusé : « Il faut que toutes les femmes soient concernées, pas seulement les syndiquées, les intellectuelles et les urbaines ; mais aussi les paysannes, celles qui pointent au chômage ou sont leur propre patronne. » « Ce jour-là, je ne lèverai pas les enfants, je ne les emmènerai pas à la crèche, je ne ferai ni les courses ni le repas, et le soir, je ne coucherai pas avec mon homme. C’est aussi une grève du sexe, une grève féministe ! » « Féministe ? Les transgenres vont-ils s’y reconnaître ?! » « Le 14 juin 2019 est un vendredi. C’est le jour où vient ma femme de ménage. Payez la vôtre pour le travail qu’elle ne fera pas ce jour-là. » Globalement, les revendications concerneront le monde du travail (professionnel et familial), les multiples formes de sexisme et de violence, la critique du capitalisme, la solidarité internationale et l’accès à l’espace politique.

Permanences juridiques
Au cours des prochains mois, le collectif des Assises romandes et féministes travaillera à mobiliser dans toute la Suisse, notamment via le Frauenforum zurichois, déjà intéressé. Il s’agira aussi de créer des comités locaux (quartiers, villages, etc.)2, d’organiser l’échange de ressources et la communication, d’imaginer des actions créatives (notamment en profitant des expériences de 1991), de solliciter les partis et les centrales syndicales, d’organiser des actions visibles et créatives tout au long de l’année. Par exemple en clouant un manifeste dans tous les lieux où les droits des femmes ne sont pas respectés en Suisse ou en occupant l’espace par une grande marche.

Une attention particulière sera portée aux conditions de la grève elle-même et notamment à sa légalité et aux conséquences possibles pour les femmes employées, à l’aide sociale ou indépendantes. La création de permanences juridiques de soutien a été souhaitée. Le 22 septembre à Berne se tiendra un jalon important de cette année de grève en construction : la manifestation nationale pour l’égalité et contre les discriminations. I

1 L’astérisque indique que les discriminations ne concernent pas uniquement les femmes mais aussi toutes celles et ceux qui sont marginalisé-e-s et discriminé-e-s en raison de leur identité ou orientation sexuelle.

2 A Lausanne, la première rencontre pour la création d’un collectif vaudois aura lieu le 2 juillet à 19h, salle de réunion du SSP-Région (Ruchonnet 45 bis). Les premières assises féministes genevoises pour la préparation de la grève du 14 juin 2019 aura lieu le 28 juin au Café Gavroche, boulevard James-Fazy 4 (non mixité choisie).
DHN



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