Communauté genevoise d’action syndicale

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Votation du 7 mars : l’hypocrisie du MCG quant au travail au noir

mardi 16 février 2021 par Joël VARONE

Dans sa feuille de chou mensuelle (Le citoyen) distribuée à tous les ménages du canton, le MCG revient dans son édition de février sur la votation du 7 mars sur la loi sur l’indemnisation pour perte de revenus liée aux mesures de lutte contre le coronavirus (12723).

Nous vous proposons ici de revenir sur les principaux arguments avancés dans leur journal.

"Un dumping inacceptable pour les travailleurs légaux"

Si le travail au noir constitue indéniablement une forme de dumping salarial pouvant tirer vers le bas les conditions de travail dans un secteur économique, le fait de verser une indemnité aux travailleuses et travailleurs les plus précaires dont les patrons n’ont pas voulu les déclarer n’aura pas d’effets négatifs pour les travailleuses et travailleurs déclarés. Au contraire, en leur octroyant le droit à une indemnisation, on contribue à ne pas enfoncer ces personnes dans une précarité encore plus grande les poussant à devoir accepter des conditions de travail encore plus précaires. La loi sur l’indemnisation contribue donc à briser la dynamique de dumping salarial qui a été renforcée avec la crise (pensons par exemple à Swissport).

"L’Etat de Genève s’apprête à verser des millions de francs pour indemniser le travail illégal"
La loi sur l’indemnisation pour perte de revenu n’indemnise nullement le travail illégal. Elle ne s’adresse pas aux patrons (qui portent la responsabilité du travail au noir) mais aux travailleuses et travailleurs. Cette loi indemnise les personnes qui, du jour au lendemain, ont perdu leur emploi sans pour autant avoir droit aux indemnités de l’assurance chômage. Elle concerne aussi les personnes n’ayant pas assez cotisé à l’assurance-chômage pour y avoir droit, des personnes établies depuis de longues années à Genève et ayant cotisé à l’assurance-chômage sans y avoir droit faute d’un permis de séjour ainsi que des personnes dont l’employeur a refusé de les déclarer aux assurances sociales.

"En payant ces salaires, l’Etat se substitue à des employeurs qui fraudent la loi"
De même que les indemnités chômages pour des personnes licenciées par des employeurs qui tout en touchant des aides à fonds perdus peuvent continuer à licencier, l’indemnité pour perte de revenu permet d’indemniser une perte de revenu due à une fin des relations de travail. Le MCG a refusé de conditionner les aides à fonds perdus aux entreprises au maintien de l’emploi mais voudrait le faire pour l’économie informelle ?

En quoi le refus de la loi sur l’indemnisation contribue-t-il à lutter contre le travail au noir ?
Si le MCG appelle à refuser le projet de loi au nom de la lutte contre le travail au noir, à aucun moment il n’explique en quoi le refus de ce projet de loi contribuerait à lutter contre le travail au noir... En quoi le fait de ne pas venir en aide aux travailleurs les plus précaires contribuerait à mieux empêcher de nouvelles formes de travail non déclaré ? Le travail au noir est au contraire le fait d’employeurs s’appuyant sur la précarité des travailleuses et travailleurs.

Le référendum du MCG, soutenu par l’UDC, ne contribue nullement à lutter contre le travail au noir. Il vise juste à ne pas octroyer d’aide aux travailleuses et travailleurs les plus précaires en stigmatisant les personnes sans statuts légal de séjour. Comme toute force populiste et xénophobe, le MCG joue le jeu des patrons les plus rétrogrades en voulant diviser les travailleuses et travailleurs. Le MCG crie au scandale pour un fonds d’indemnisation d’une petite dizaine de millions de francs mais vote les yeux fermés des centaines de millions d’aides à fonds perdus aux patrons sans garantir aucun mécanisme de contrôle effectif du respect de la loi sur le travail au noir.

On ne peut pas sans perdre toute crédibilité d’un côté brandir la lutte contre le travail au noir quand il s’agit d’empêcher des indemnités pour les travailleuses et travailleurs et fermer les yeux quand il s’agit de verser des indemnités 10 fois plus élevées pour les patrons.